La légende, pour une fois, duplique sans vergogne la vérité vraie : Jean-Paul Guerlain crée toujours pour une femme. Il s’étonne même que l’on puisse faire autrement et tient cette conviction de son grand-père qui lui disait : « On crée les parfums pour les femmes avec lesquelles on vit. » Ajoutant avec un peu de regret : « Je ne vais plus travailler que pour de vieilles dames » – il avait 80 ans ! L’inspiratrice de Mahora est celle-là même que Jean-Paul Guerlain célébra dans Samsara et qui, loin d’exclure les autres de sa fragrance, les y entraîne. « Elle est une sorte de “tête de liste”, qui représente toutes les femmes féminines, sensuelles, et que l’on remarque pour leur éclat. » C’est une variation chair et soleil que leur offre le parfumeur, dans un bouquet de tubéreuse et de fleur de frangipanier. L’odeur que font à la peau de languides vacances dans les pays chauds et que retient amoureusement un flacon tout en rondeurs, lumière d’ambre et soleil martelé. Pour Jean-Paul Guerlain, le parfum est un « appétant », un acte de séduction ; il mérite la fidélité que l’on doit à « l’expression de sa personnalité la plus profonde ». On a tout de même le droit d’en changer quand… on change d’amant ou de mari et que l’« on veut faire peau neuve » !